Depuis l’enfance, la peinture.
D’abord celle de Soutine, découverte dans un livre offert par mon père, Französische Malerei.
Catalogue d’une exposition organisée en 1961 à Wolfsburg où deux tableaux du peintre sont exposés : le portrait de Lina, rouge comme celui de l’idiot d’Avignon et un paysage peint à Céret, tel un cri de couleurs.
Mais ma mère : cet homme n’est pas ton père.
C’est ma mère d’alors qui prononce ces mots. Celle d’aujourd’hui, que dit-elle ?
Est-ce que je sais où est le livre ?
L’ombre à Marseille est moins grise qu’ici, dit-elle aussi.
Mon père ne sera jamais devenu un vieux monsieur, elle, oui, j’écris son nom : la vieille dame.
Ici (où est-ce, ici ? demande ma mère) on part (parle) de peinture, le mot lie mon père au livre, à la couleur rouge, à moi.
Soutine, l’idiot, De Staël, l’envolé et un peu plus loin, qui les regarde, SD, la fille du viaggiatore et de la vieille dame.
La lettre S a sa place ici.
Entre l’idiote et sa mère, entre le père et le peintre.
Place de poète ?
A qui se lier comme d’autres à qui se vouer ? On cherche une réponse.
Je propose deux mots : idiot et maternel. Et j’ouvre le feu en les liant l’un à l’autre.