À l’aube les tintements de l’angélus éloignent Vincent de l’insidieux cauchemar qu’il vient de faire. Comme il bouge son bras gauche et tente de l’extraire des draps, il croit se souvenir d’une cloche qui résonnait dans la dernière scène de son rêve et qui semblait annoncer un dénouement probable. Fin des personnages hypothétiques. Fin du trajet hasardeux. Fin de lui-même, comme si son heure était venue. Il ne sait trop que penser de cette apparence d’histoire qui le ramenait au temps de son adolescence. Les épisodes s’y succédaient selon une logique qui lui échappait. Il est sûr que l’année où il fut instituteur remplaçant (il n’avait alors que 19 ans) reste inscrite en lui comme une faute. Le retour de cette situation, répétée, ressassée, au cours de multiples visions nocturnes, n’aurait pas dû le surprendre. Mais il est sensible cette fois à sa conclusion dramatique. C’est bien d’un meurtre qu’il s’agit. C’est vers cette fausse réalité qu’il s’acheminait, tout comme ses précédentes rêveries d’enfance attribuées à un certain Pierre, se concluaient presque abruptement sur l’évocation (ou le pressentiment) d’un acte de violence, laissé lui aussi en suspens.